Passions et ambivalences
Le colonialisme, le nationalisme et le droit international
L’exercice du pouvoir international depuis 1989 est-il l’expression d’une communauté internationale universelle et humanitaire ou la construction d’un nouvel impérialisme apte à dominer des régions déchirées par des conflits ethniques, nationalistes, et religieux ? Le but du présent recueil est de traiter cette question en y jetant une lumière historique, culturelle, psychanalytique, aussi bien que juridique. Depuis la fin de la Guerre froide, les internationalistes, qu’ils soient juristes ou responsables politiques, s’affairent à construire et appliquer de nombreux plans pour apaiser des conflits identitaires qui ont semblé ressurgir de partout, et à légitimer ainsi des formes musclées du pouvoir international. Or, ce faisant, ils ne font que reprendre, bien qu’inconsciemment, des manières de voir et d’appréhender ces questions qui leur ont été léguées par leurs prédécesseurs, surtout ceux de la période qui a suivi la Première Guerre Mondiale, une période que l’auteur dénomme la période « Moderniste » du droit international. Sous ce vocable, il veut signifier la parenté des innovations des juristes du « Modernisme » juridique durant l’Entre-deux-guerres avec ceux qui constituaient l’avant-garde des autres domaines culturels au même moment. Cette nouvelle perspective approfondit notre compréhension des propositions internationales faites pour apaiser des conflits récents, de la Bosnie à Jérusalem, en leur redonnant leur place dans l’histoire et la culture de l’Occident. Elle montre aussi la proximité troublante entre l’internationalisme et son ombre spectrale, le colonialisme, qui semble destiné à le hanter à jamais.