Les dynamiques du droit international
L'étude du droit international est souvent dominée par des approches militantes, idéologiques, qui ont exercé une influence croissante, y compris sur la doctrine. Ces approches tendent à une véritable mutation du droit international, appelé à devenir une morale internationale universelle, au service du droit humanitaire,
des droits de l'homme, après avoir été mobilisé à celui du développement. Cette métamorphose mettrait au premier plan l'action des individus et des groupes, imposant en leur nom des obligations aux Etats, ainsi dépossédés d'un droit qui a été longtemps leur apanage.
S'il existe un fil rouge dans l'ensemble des textes ici regroupés, il est que cette métamorphose est plus apparente que réelle, et même qu'elle n'existe pas du tout. L'analyse positive du droit international montre que ses fondements n'ont nullement évolué, que l'engagement international de l'Etat en est toujours la base, et l'action des Etats le coeur. L'analyse positive est une méthode et non une idéologie. Elle ne prétend pas que le droit international est achevé ou parfait, ni perfectible, mais elle ne vise pas non plus à lui substituer un droit rêvé ou à se poser en législateur.
Le droit international ne saurait être seulement une discipline spéculative. Il est avant tout destiné à servir de cadre et d'instrument à l'action de ses sujets. « Un sage n'a pas d'idées » : sans aller jusqu'au bout de la logique de cet aphorisme chinois, un analyste doit rester modeste devant son objet et le garder à distance de ses intérêts, de ses préférences, de ses passions, de ses constructions. Il lui faut également écarter la tentation de laisser entendre que « le droit, c'est moi », ou de mettre une rhétorique de militant en faveur de thèses subjectives, ou d'avocat au service d'intérêts de lobbies.