Droits de la personne humaine
Livre blanc 6
‘We do not want freedom without bread, nor do we want bread without freedom’.
Nelson Mandela, icône de la libération des peuples opprimés, mentionne par cette formule puissante et évocatrice prononcée en 1993, un élément majeur de ce que la Déclaration Universelle des droits de l’homme, dès le 10 décembre 1948, faisait sienne : l’indivisibilité des droits. Depuis ce ‘tournant 1948’, le droit international de la personne humaine a été frappé tout à la fois par la profusion et la sophistication. Profusion de textes à l’échelle universelle et régionale ; sophistication des mécanismes de garantie. Toutefois, cette double caractéristique, révélatrice d’un expansionnisme humaniste sans précédent, au formidable potentiel émancipateur, ne peut cacher l’imperfection congénitale de ce droit, censé révéler un changement de paradigme : un criant déficit d’effectivité, d’autant plus préoccupant qu’il prend place aujourd’hui dans un contexte géopolitique défavorable.
Parallèlement à ce phénomène d’expansionnisme normatif et institutionnel, une profonde remise en cause du récit sur les droits de la personne humaine, tel qu’il a été promu par les Nations Unies, s’est installée – au-delà du monde des idées – au cœur des agendas politiques des États. Des récits alternatifs ont vu le jour, soit pour contester l’importance du ‘tournant 48’, soit plus fondamentalement pour récuser l’universalisme dont il est porteur. Au-delà, l’Histoire, faite de multiples histoires singulières – marquées par les stigmates de l’esclavage et du colonialisme ; par les singularités culturelles et religieuses – a fait une entrée fracassante dans l’univers du droit international de la personne humaine afin de revisiter ses fondations comme ses orientations.
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English version:
Human rights White Paper 6
‘We do not want freedom without bread, nor do we want bread without freedom’.
Nelson Mandela, icon of the liberation of oppressed peoples, with this powerful and evocative formula pronounced in 1993, mentions a major element of what the Universal Declaration of Human Rights, as early as December 10, 1948, enshrined: the indivisibility of rights. Since this ‘turning point’ in 1948, international human rights law has been struck by both expansion and sophistication. The expansion of texts on a universal and re- gional scale; and sophistication of the control mechanisms. However, this double characteristic, revealing an unprecedented humanist expansionism, with a formidable emancipatory po- tential, cannot hide the congenital imperfection of this branch of law, which is supposed to reveal a change of paradigm: a flagrant deficit of effectiveness which is even more worrying as it takes place today in an unfavorable geopolitical context.
In parallel with this phenomenon of normative and institutional expansionism, a profound questioning of the human rights narrative, as promoted by the United Nations, has set up - beyond the world of ideas - at the heart of the political agendas of states. Alternative narratives have emerged, either to contest the importance of the ‘turning point’ or, more fundamentally, to challenge the universalism that it represents. Beyond this, history, made up of multiple singular histories - marked by the stigma of slavery and colonialism, by cultural and religious sin- gularities - has made a dramatic entry into the universe of international human rights law to revisit its foundations as well as its orientations.