Les droits de l'homme ont-ils constitutionnalisé le monde ?

La Convention européenne des droits de l’homme fait incontestablement partie des grandes réussites juridiques européennes. En 60 ans, elle aura réussi à faire oublier les conditions éminemment (géo)politiques de sa naissance, à étendre son emprise de 15 à 47 pays européens, et à développer des concepts et des techniques jurisprudentiels propres au droit européen des droits de l’homme. Surtout, elle aura joué un rôle central dans l’affirmation de l’existence d’un droit autonome des droits de l’homme. Une telle réussite n’est pas imputable à la seule jurisprudence européenne mais elle a aussi partie liée avec un projet savant. Plutôt que de revenir sur la jurisprudence européenne ou les jurisprudences nationales relatives au droit de la CEDH, c’est sur ce projet savant que le présent ouvrage se propose d’opérer un retour réflexif : qui en sont les auteurs ? Quelle en est l’histoire ? Quelles en sont les principales caractéristiques ? On s’intéressera en particulier à un aspect de ce projet savant : son attachement à affirmer la dimension « constitutionnelle » de la Convention européenne comme de la Cour de Strasbourg. Cherchant à cerner le sens alors accordé au paradigme de la « constitutionnalisation » (ou à dévoiler le rôle central de l’ambiguïté maintenue de l’expression), l’ouvrage propose ici une mise en perspective critique en l’interrogeant depuis d’autres points de vue où il prospère aussi, notamment le droit international, le droit constitutionnel, le droit communautaire et la science politique. 

 

Bruxelles, Bruylant, 2011, 308 p.