Le droit international et le Japon :
une vision trans-civilisationnelle du monde
Selon Yasuaki Onuma, grand théoricien et historien japonais du droit international, si le droit international est généralement considéré comme un droit commun à toute l'humanité, ce constat doit être examiné de façon critique pour être dépassé. Un droit international plus légitime d'un point de vue global, représentant le monde non occidental, doit être écrit et mis en œuvre. Les contributions présentées dans cet ouvrage reflètent plus précisément deux préoccupations fondamentales qui ont accompagné l'auteur toute sa vie. Dans les textes rassemblés dans la première partie, il a cherché à clarifier les limites du droit international actuel, tourné vers l'Occident, cherchant à surmonter celles-ci en proposant une approche « trans-civilisationnelle » ou « inter-civilisationnelle » qui permettrait à la fois de s'engager en faveur d'un système global plus légitime et de comprendre de manière plus pertinente les questions associées à l'international, à l'universel et au global. Dans les textes de la deuxième partie, il a tenté d'élucider les liens entre le Japon moderne et l'ordre juridique international. Ces liens sont fondamentalement ambivalents, le Japon étant un État non occidental et pourtant occidentalisé. Ainsi a-t-il lutté contre l'hégémonie occidentale mais en a-t-il reproduit certains des pires traits (colonialisme, guerre d'agression, sentiments racistes et discriminatoires, basés sur la nationalité, à l'encontre des peuples « non-blancs »).
Fort d'une formation qui emprunte à différentes cultures et de sa qualité de Japonais, fondamentalement asiatique mais également occidentalisé, Yasuaki ONUMA est particulièrement autorisé à proposer sa thèse majeure en faveur d'un déplacement du droit international « occidentalo-centré » au profit d'une approche de celui-ci qui se nourrit de l'apport mutuel des civilisations.
Mireille Delmas-Marty (professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut) signe la préface de cet ouvrage et Frédéric Mégret (professeur à l'Université McGill) propose dans la présentation critique un essai interprétatif qui permet de situer ces textes dans la pensée et l'œuvre globale de Yasuaki Onuma.